vendredi 22 janvier 2016

Le 22/01/2016

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L'Oblast juif de Russie, une terre oubliée


    Depuis sa création en 1948, Israël est l'unique pays dont les institutions sont fondées à partir de la religion juive. Connu pour être impliqué dans de nombreux conflits au Moyen-Orient, l'Etat israélien l'est aussi par sa croissance économique et démographique. Pour preuve, des outils d'analyse économique comme le PIB et l'IDH sont constamment en augmentation en Israël et il est, proportionnellement à sa population, l'un des pays qui accueille le plus d'exilés dans le monde. Pourtant, derrière cette description d'un Etat israélien au visage positif dont les objectifs fondamentaux ont été atteints, se cache un autre territoire qui a du faire les frais de ce succès; il s'agit de l'Oblast autonome juif de Russie.



Bien avant qu'Israël soit fondé, le dirigeant soviétique Joseph Staline avait décidé de créer un Etat réservé exclusivement au peuple juif habitant en URSS afin de répondre à des projets idéologiques (donner une terre à chaque nationalité vivant en URSS puis éloigner toutes pratiques religieuses incompatibles avec la pensée communiste) et géo-politiques (occuper un maximum de surfaces non exploitées pour s'octroyer des ressources naturelles). Après des mois de planification avec l'architecte suisse Hannes Meyer à la fin des années 20, c'est donc en 1934 qu'un Oblast autonome juif a été établi en URSS. Situé à l'extrême-sud du territoire russe actuel et dans la région de la Mandchourie, cet Etat, dont la langue officielle est encore aujourd'hui le yiddish, a alors attiré des milliers de familles juives ashkénazes venant majoritairement d'Ukraine, de Russie ainsi que de Pologne et s'est auto-développé sans les aides de Moscou.


Mais, avec la création de l'Etat israélien en 1948 et la mort du "Vojd" en 1953, de nombreuses familles qu'elles soient juives ou communistes ont décidé de quitter la région, et plus particulièrement la capitale Birobidjan, pour aller vivre au sein de la véritable terre promise comme le décrit la Torah ou pour retourner dans les villes importantes de l'URSS. Cette baisse constante du nombre d'habitants depuis la fin des années 50 a surtout été décrite par l'écrivain français Marek Halter. Dans son ouvrage L'Inconnue de Birobidjan apparu en librairie il y a maintenant quatre ans, cet officier de la Légion d'honneur exprime clairement cette diminution massive de la population en soulignant que, avant les années 50, l'Oblast autonome juif de Russie comptait plus de dix millions d'habitants pour seulement 180 000 aujourd'hui.


Plus grave encore, un autre problème très préoccupant est développé par cet auteur. Il s'agit du nombre de personnes parlant encore le yiddish à l'heure actuelle dans cette province. Bien qu'elle en soit encore la langue officielle, le nombre de personnes parlant le yiddish est passé de dix millions au cours des années 40, c'est-à-dire l'ensemble de la population de l'Oblast, à 8000 personnes sur les 180 000 encore présentes en 2012. Pour Marek Halter, la mort de Staline, la création d'Israël et le manque d'attachement à la culture yiddish de la part de l'ensemble des habitants expliquent cette faramineuse diminution. Par ailleurs, il nomme ce phénomène "la lente agonie de Birobidjan". Pour palier à cette disparition de la culture yiddish propre à l'Oblast, les villes de la région essaient justement d'attirer du monde par des infrastructures de grande qualité. Par exemple, Birobidjan attire par son université nationale juive des étudiants en langue hébreux et en langue yiddish pour transmettre les traditions.

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